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Les petites chroniques de Cully

Et si je vous racontais un peu ce qui se passe par chez moi...

Jeudi 1er mai 2025, sur les bords du Léman, un nid à fleur d'eau

Ils se sont posés là. Ils ont pris leur place, choisi leur quartier, leurs voisins. Ils ont sélectionné le meilleur coin, un peu en hauteur, avec vue imprenable sur le Léman. Brindille après brindille, herbettes sur herbettes, leur cocon a pris forme. Un nid douillet à flanc de ruisseau, les palmes dans l’eau. Le garde-manger à portée de bec. L’un à côté de l’autre, ils s’endorment aux chants des mouettes, se réveillent au vol raz des cormorans. Posés là, ils attendent l’arrivée des petits en profitant de l’euphorie des beaux jours, en évitant l’agitation des passants.

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Samedi 8 février 2025, sur les bords du Léman, en boule dans les courants

Se mettre en boule et se laisser bercer. Laisser les flots et les mots voguer dans le vent, voguer dans les courants. Laisser le jour s’éteindre. Un soleil sur une toile grise se dépeindre. Un jour de plus, un jour de moins. Des vues et des points pour chacun bien distincts. Réagir au son du train, des passages, des va-et-vient. Se balader, se poser pour certain. Laisser les heures s’enchaîner et nous amener vers une douce soirée de février.

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Vendredi 31 janvier 2025, sur les bords du Léman, on s'apprête avant le printemps

Prendre rendez-vous, tous les ans à la même époque. Cette année, un vendredi, sept heures. Durant une matinée ou plus, le regard perdu dans le bleu du levé du jour, on se laisse bichonner, chouchouter. Quelques morceaux de nous se répandent au sol, du petit bois sur les graviers. Couper les pointes, redonner une forme à l’ensemble. Pour certain, la taille est plus prononcée. Le superflu, regroupé en fagots serrés et alignés entre les rangs.

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Dimanche 26 janvier 2025, sur les bords du Léman, parfois on attend

On attend, perché sur le débarcadère, un bateau qui viendra peut-être. On attend, en regardant au loin, en se parfumant d’embruns. On attend la fin d’un repas en famille. On attend l’heure de regagner notre chère petite vie. On attend de revoir nos collègues, de raconter notre week-end. Des péripéties souhaitées ou subies. On attend que le printemps arrive. Que nos journées de congés soient encore plus vives. On attend de larguer enfin nos écharpes et nos gants. On se languit de douceur et d’un soleil persistant. Le dimanche, fin janvier, on attend.

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Dimanche 12 janvier 2025, sur les bords du Léman, les tumultes du cerf-volant

Une rafale à droite, une rafale à gauche. Les tumultes d’un souffle, les brusqueries du vent. Nous voilà embarqués pour une nouvelle ronde. Emmaillotés dans nos couleurs afin de contrer un peu la nébulosité ambiante. Se retrouver coincés par les agrippeurs, les petits inquisiteurs. Bien mal en point pour poursuivre notre voyage. Obligés de s’arrêter, observer ce lieu tant connu. Poser sur lui un regard différent, un autre point de vue. La hauteur, le recul et le retrait sont parfois nécessaires pour décider d’une nouvelle trajectoire, un chemin inédit et porteur d’espoir.

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Lundi 30 décembre 2024, sur les bords du Léman, le vert de roche

Les dernières journées de décembre s’égrènent dans une féerie de gris. Les maisons aux lucarnes lumineuses éclairent le vignoble bien avant la tombée de la nuit. Les fêtes sont passées, le village est déserté. Sur les bords du Léman, ne reste plus que quelques habitants, des arbres et des rochers. Il y a ceux qui se sont effondrés. Une tempête, une vague de trop à affronter. Et il y a ceux qui ont soudain trouvé une place où s’installer. Sur une roche encore fraîche, ils ont déposé leur vert vif qui attire et détourne notre regard, le temps d’un soupir, le temps d’un sourire.

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Mardi 17 décembre 2024, sur les bords du Léman, tous givrés

Figer les matières, les végétaux ou les corps toujours en mouvement. Dans ce matin pré-hivernal, notre décor se pare de paillettes blanches, si fines et délicates. Des particules de givre qui nous racontent la fraîcheur de la nuit passée. Que l’on dépose ses pas sur l’herbe, le bitume ou les graviers, notre trace sera désormais laissée. Pour la journée ou pour quelques heures, les herbettes, les fleurs et nos lieux de repos se retrouvent capturés dans leur posture, dans leur prestance.

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Mardi 10 décembre 2024, sur les bords du Léman, les capuches de l'Avent

Décembre débute et voilà qu’à nouveau nous nous emmitouflons de nos bouts de pieds à nos bouts de doigts. Garder chaque parcelle de peau bien au chaud, nous préparant aux grands froids à venir. Nos têtes bien cachées sous un couvre-chef, tentant de maintenir en fonction notre cerveau surstimulé en cette période d’euphories et de courses effrénées. A l’affût de quelques victuailles, certain se retrouve même la tête sous l’eau, cherchant les derniers présents à se mettre sous la dent. Qu’importe la tactique pour traverser ces jours de l’Avent, Noël et le jour de l’an arriveront comme prévu, un mercredi.

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Samedi 30 novembre 2024, sur les bords du Léman, chacun son rythme

Le rythme d’un tilleul, placé en retrait de l’eau qui se montre encore bien feuillu. Le rythme d’un érable qui contient son cœur bien au chaud, dans un cocon doré. Le rythme des saules faisant danser dans le vent, les deux-trois feuilles encore agrippées à leurs branches si frêles. Le rythme d’un Ginkgo qui regarde avec tristesse toutes ses paillettes jaunes à ses pieds. Totalement dénudés, ceux qui ont laissé s’envoler toute leur parure dans les bourrasques des tempêtes. Et le rythme du magnolia, des peupliers dévoilant déjà les prémices de leurs bourgeons à venir.

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Jeudi 21 novembre 2024, sur les bords du Léman, le vert, le jaune, le noir et le blanc

Un pas dans l’herbe encore verte, un pas dans le blanc fraîchement tombé. Un pas dans les feuilles dorées tapies au sol, un pas dans quelques flocons cristallisés. Sur le bitume ou les cailloux, les premières neiges de novembre se sont étendues sur Lavaux. Un tapis blanc encore peu épais, que la pluie effacera en quelques heures seulement. Les couleurs de l’automne se succèdent, s’entrecroisent et se superposent peignant le sol chaque jour différemment.

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Mardi 5 novembre 2024, sur les bords du Léman, voguent les bateaux hors de l'eau

En ces premiers jours de novembre, débute la parade des voiliers hors de l’eau. Démâtés, dressés sur leur carrosse à roulettes, les navirs quittent un à un, les eaux déjà fraîches du lac. Les maisons ambulantes du camping de Moratel, cèdent leur place aux embarcations qui doivent se reposer. A travers les caravanes fixes, ces géants s’aligneront poupe et proue au vent pour une saison. Durant quelques mois, la coque et la quille au sec, ils reprendront de leurs éclats, se préparant pour de futures virées sur le Léman.

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Lundi 21 octobre 2024, sur les bords du Léman, de l'argenté à l'argentique

Regarder là, juste devant soi. S’étonner. S’arrêter et admirer. Tout est question d’un instant, ça se joue à la minute. A la seconde parfois. La photo parfaite. On se pose. On l’attend. On regarde inlassablement l’étendu argentée du Léman, des eaux sans mouvement. Le ciel passe de l’azur au feu, dans un dégradé de pastels à nous brûler les yeux. La sérénade du soleil nous séduit. Le charme a une nouvelle fois opéré. Rassasiés de cette beauté, les corps d’ombre retournent à leur foyer. Ce rendez-vous nous a rassemblé, pour une soirée, pour un cliché.

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Mercredi 16 octobre 2024, sur les bords du Léman, les verts disparaissent

Cette fois-ci, c’est officiel, l’automne nous fait part de sa présence. Petit à petit, chute de feuilles après chute de feuilles, voilà les verts qui disparaissent. Les peupliers et les tilleuls sèment au vent leur parure dorée. La Place d’Armes se recouvre d’un tapis d’or diffusant ce jaune puissant d’un soleil parfois trop absent. Les érables et les vignes sauvages retiennent encore leurs feuilles rougeoyantes alors que les vignobles dégrappés ont entamé leur métamorphose. Les teintes de notre paysage de carte postale nous invitent ainsi chaque jour à suivre la danse des couleurs.

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Dimanche 6 octobre 2024, sur les bords du Léman, les palabres de l'automne

Ce bruit, typique de la saison, typique de la région. Ces cris, ces chants qui nous font lever les yeux. Un regroupement impressionnant d’étourneaux a pris possession des cimes des arbres, des toitures et des fils électriques. Des passereaux pointillant le ciel de leur petit corps noir. De hauteurs en hauteurs, ils palabrent. En vol organisé, ils s’élancent au-dessus des vignes, en amont du chemin des Colombaires. Le voyage qu’ils s’apprêtent à faire nécessite de grands préparatifs. Est-ce des concertations, des ordres ou des recommandations de voyage ? Tout est imaginable à l’écoute de cette mélodie d’octobre.

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Vendredi 20 septembre 2024, sur les bords du Léman, la pêche à la mouette

S’avancer jusqu’à flanc de rochers, alerté par le cri perçant des oiseaux du Léman. Quelque chose est en train de se passer. Sur les eaux argentées du lac, c’est l’heure de remonter les filets. Le pêcheur, en équilibre dans sa barque, est à pied d’œuvre. Dans sa traîne, le cortège des mouettes qui ne cessent de chanter. La scène et les couleurs du jour ne manquent pas d’attirer l’attention des habitants du coin. On sort nos petits écrans, on prend appuis sur un banc. Un clic ou deux, nous voilà chacun capturant cet instant.

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Dimanche 15 septembre 2024,
sur les bords du Léman, coquille au vent

Les vagues d’azur s’agitent aux pieds des marches. Sa coquille dans le vent, on s’hésite à avancer. L’eau n’a guère plus de dix degrés. Alors que l’air ambiant n’atteint déjà plus les chaleurs de l’été. Un air vif a pris trop de place sur les bords du Léman. Les drapeaux ne trouvent même plus de repos. Se recroqueviller sous sa capuche devient instinctif. Cacher ses mains dans ses poches l’est tout autant. Laissons donc passer les jours, car nous ne pouvons rien contre le clin d’œil sournois de l’automne.

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Vendredi 6 septembre 2024, sur les bords
du Léman, prenons place un instant

« A m’asseoir sur un banc, cinq minutes avec toi et regarder les gens tant qu’y en a »

Le soleil ardent d’août qui s’en va, ce sont les vacanciers de l’automne qui s’installent pour un temps. Le regard vers l’horizon, les mots s’échangent dans un accent pas si distant de là. Alors que déjà quelques feuilles se mettent à tomber, les majestueux peupliers, gardiens de la Place d’Armes auraient tant à nous raconter. Et que dire de nos bancs de bois, déposés là, à fleur d’eau, pour accueillir les passants que la vue du Léman époustoufle.

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Dimanche 21 juillet 2024,
sur les bords du Léman, l'art en capsule

On l’aperçoit souvent au dernier moment. Tapie dans un coin, la capsule du Kunsthalle Marcel Duchamp, le plus petit musée au monde, invite l’art sur les bords du Léman. Du 29 juin au 31 août 2024, c’est l’artiste Valérie Mannaerts qui y a déposé ses délicats chaussons. L’œuvre visible sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, permet aux badauds de rencontrer un artiste et une œuvre tout en déambulant le long des rives du lac, une glace ou un verre de vin à la main. La nuit tombée, la capsule ne manquera pas de vous surprendre encore pour un instant en s’illuminant à votre approche. Laissez-vous donc séduire ou vous questionner par des œuvres temporairement offertes à nos regards curieux.                                                                              www.akmd.ch

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Mercredi 10 juillet 2024,
sur les bords du Léman, le débarcadère au parasol

La grisaille du matin tire sa révérence sur la pointe des pieds, laissant encore s’égoutter quelques pluies fines. Le débarcadère s’est vêtu de son parasol, encore un peu de béton à sécher. Les travaux s’achèvent enfin. Les Culliérans ont veillés. Photographiées, scrutées, les avancées ont été commentées et saluées par les villageois et les passants. Nul doute que quelques verres aient teintés au Major Davel devant le défilé impressionnant des machines de chantier. L’arche de Noé d’Orllati, aux couleurs du Léman, va bientôt se retirer. Le ponton a repris ses formes, ses poteaux et son élancée vers le large. Les barrières ont été posées de part et d’autre, elles se pareront rapidement de nouveaux arrangements floraux, invitant déjà les passagers à embarquer.

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Jeudi 4 juillet 2024,
sur les bords du Léman, le vignoble flamboyant

L’heure dorée d’une soirée de juillet s’empare des vignes de Lavaux. Eclatantes de lumière, alors que le gris sombre du Chablais se dissipe en arrière-plan. Contraste. Dégradé de blanc, de bleu et de vert. Dans l’herbe des quais de l’Indépendance, les préparatifs des festivités à venir ont déjà trouvé leur place. Les tables, les bancs en bois, ainsi que le petit chapiteau qui servira de bar sont prêts à accueillir les boulistes et spectateurs de la compétition de samedi. Pour l’heure, ce ne sont que six personnes qui se sont regroupées sur les graviers du quai afin de peaufiner encore un peu leurs techniques. Les boules s’élancent à l’assaut du cochonnet, les conseils et les recommandations lancées dans la foulée. Vingt et une heures résonnent au clocher, il est temps de se rentrer. Dernier coup d’œil jeté sur l’horizon. Des couleurs toujours en déclinaison.

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Lundi 24 juin 2024,
sur les eaux du Léman, toutes voiles dehors

La fin d’après-midi s’installe à Cully. Sur les eaux du Léman, la danse des voiliers va bientôt commencer. Les régatiers sortent l’un après l’autre du port. Se lancent à l’assaut des bouées colorées, déjà posées au large. Passants, habitués ou touristes, tout le monde a les yeux rivés sur l’horizon. Une main en visière ou un appareil à la main, le spectacle est captivant. Toutes voiles dehors, les chorégraphies s’enchaînent dans les vents. Les toiles claquent. Les voix résonnent au loin. Rames dehors ou moteur ronronnant, les bateaux du sauvetage sont aussi de sortie. Les baigneurs se posent sur leur linge de bain, il est l’heure d’assouvir une petite faim. Derniers jours de juin, l’été va bon train.

Mardi 18 juin 2024,
sur les bords du Léman, la posture du chat

Les promeneurs du bord du lac remontent l’allée du Cheminet, accompagnés de leur fidèle compagnon à quatre pattes. La première balade des chiens se termine. Les minutes se teintent déjà, peu à peu, des couleurs d’une journée bien ensoleillée. Sur la digue du petit port, un félin au poil d’or a pris place sur un rocher. A côté de lui, une jeune femme étendue sur son tapis, pratique sa discipline matinale. Etirement, après étirement. Respiration dans le vent, après expiration dans le flot des vagues, la dame déploie son corps dans l’élégance des gestes fluides du yoga. Le rouquin à ses côtés, reste quant à lui, posé là. Assis sur la digue, yeux clos, truffe en l’air, se délectant du moment présent.

Mercredi 12 juin 2024,
sur les bords du Léman, matin shooting

Le lac s’éveille à peine, encore quelques souffles de la nuit, quelques ondées. Tout au bout de la jetée du petit port, le héron prend la pose. La tête relevée, sa prestance et toute sa grâce déployée. En face de lui, juste à quelques mètres, l’objectif impressionnant d’une photographe aux aguets. Regards croisés, les ailes de l'oiseau, le doigt de la photographe sont prêts à dégainer. Au moindre geste de la dame, monsieur se fera la belle. Les secondes s’égrènent, le frais du petit matin se dissipe, le soleil se montre enfin, la lumière est parfaite. Le shooting photo prend fin, monsieur a tiré sa révérence, à tire d’ailes, s’est envolé.

Dimanche 26 juin 2022,
sur les bords du Léman, jour de marché

Alors que le ciel s’éclairci aussi lentement que possible après les pluies de la nuit, les marchands terminent de monter leurs étals. Aux dix coups de l’horloge, les grandes tables en bois ont revêtu leur nappe à points blancs et ont pris place sur l’allée centrale. Les flaques d’eau s’évaporent peu à peu, sous l’agitation des bambins. Sur les gravillons, les promeneurs, les passants et les clients s’agglutinent à la recherche d’un encas, d’un nouveau panier, d’un bijou fantaisie, d’un savon aux senteurs d’ailleurs, d’une petite robe d’été, de quelques fruits, légumes ou d’épices colorées. Les verres bien remplis vont bientôt tinter, il est onze heures. On croise ses voisins, son boulanger, sa blanchisseuse, son épicier. Le soleil prend ses aises, les tables et les chaises glissent lentement à l’ombre des marronniers. Les conversations vont bon train, les estomacs se remplissent. Les heures s’écoulent, les bouteilles de vin du vigneron présent font de même. Tout ceci sur le rythme sonore des arrivées du Vevey attachant ses amarres au débarcadère de Cully. La journée avance, les repas chauds font place aux glaces entre les mains des visiteurs, il est déjà quinze heures. Alors que la scène du concert du Lavaux Classic plie ses bagages, les exposants servent leurs derniers clients. Les moineaux commèrent déjà sur le festin parsemé dans les graviers que les grignoteurs leur ont laissé. Seize heures sonnent au clocher, le marché est terminé.

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